Nouvelle-Zélande

Chapitre 1 : Simple comme bonjour

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Une nouvelle aventure commence à Aotearoa (“la terre du long nuage blanc” en maori) ou plus communément appelée Nouvelle-Zélande. Avec une superficie d’un peu moins de 270.000km² et moins de 5 millions d’habitants, le pays semble assez vaste pour s’y retrouver seul et faire des découvertes. Mon excitation grandit à la simple pensée de me replonger dans un road-trip avec un van et de partir à l’exploration du pays. Le côté nostalgique refait surface en même temps que mes souvenirs d’Australie datant de 2013-2014.

Souvenirs d’Australie dans les Kimberleys

Je me revois parcourir des kilomètres, à la recherche de petites pépites, de paysages somptueux, de coins cachés ou d’endroits insolites. Un frisson me parcourt l’échine, j’ai hâte, extrêmement hâte de m’y remettre. Et on peut dire que la Nouvelle-Zélande m’accueille les bras ouverts. Je m’étonne de la simplicité des procédures, que cela soit pour ouvrir un compte, obtenir un numéro de téléphone et même pour trouver un van. J’ai accompli toutes ces tâches en trois jours. J’ai enfin trouvé le bolide de mes rêves. Il n’est pas sublime et a une carrosserie rayée avec des coups, mais techniquement, excepté une fuite d’huile mineure, il en a sous le capot. L’affaire est conclue, à un prix très raisonnable, 2.400$ à peine, soit l’équivalent de 1300 euros en fin août 2018.

Mon petit bolide qui va m’accompagner pendant plus d’un an

Porté par ce vent d’espoir et de simplicité, je me résous à postuler dans le premier truc que je vois. Il y a une annonce pour être cueilleur de fraises et cela commence vers le 15 septembre, soit un jour après mon anniversaire. Le timing est parfait ! Encore un ou deux jours d’hostel avant de me barrer avec ma caisse et d’explorer déjà un petit peu la Nouvelle-Zélande. Dès le lendemain, la réponse ne se fait pas attendre, elle est positive. J’ai d’ores et déjà un job d’assuré ! J’ai l’impression que tout fonctionne trop facilement. Loin de me douter que tout cela risque de se corser, je me sens déjà dans mon élément. La Nouvelle-Zélande me rappelle l’Australie dans son fonctionnement, avec un système encore moins compliqué dans l’achat des voitures. Que rêver de mieux ?

Auckland by night

J’ai bien envie de célébrer ma victoire, mais excepté quelques mots échangés avec mes camarades de chambre, je me rends compte que je suis légèrement en décalage avec les voyageurs qui séjournent dans les hostels. La plupart sont jeunes, très jeunes, je dirais entre 18 et 21 ans. J’écoute leurs conversations et même si je me reconnais dans certaines de leurs peurs (du moins quand j’ai commencé à voyager), j’ai du mal à établir un contact avec eux. “Tu as bientôt 30 ans ? » m’a-t-on demandé, “comment ça se fait que tu voyages encore ?” Je savais que je n’allais pas me faire des potes ici. Qu’importe, j’ai rencontré un gars dans mon dortoir qui a presque 30 ans aussi. Camillo est latino et vit à Auckland depuis quelques mois déjà. Il est revenu à plusieurs reprises sur le territoire en cumulant les visas touristiques et en bossant au noir. Journaliste sportif à la base, cet Argentin a quitté son pays pour voyager, mais aussi pour trouver un boulot qui paye mieux. “Mon salaire ne me suffisait pas pour vivre correctement. Je bossais comme un dingue, mais je ne gagnais que des cacahuètes”, me raconte-t-il autour d’un repas composé principalement de nouilles lyophilisées. Le premier d’une longue série pour ma part. Nous avons échangé nos numéros et nous nous sommes promis de rester en contact et de nous aider au cours du trajet.

Je me sens un peu perdue… Ma famille me met beaucoup de pression en ce moment et je suis sur le point de les décevoir énormément

Content de ce premier véritable échange humain, je décide de me mettre en quête d’un autre plus…charnel. Direction Tinder, quelques coups à droite et je “matche” rapidement avec Mala, une Indienne qui vit à Auckland. Les conditions sont simples et claires : il s’agit d’une coucherie sans lendemain. A deux jours de mon départ, c’est évidemment le bienvenu. Rendez-vous à 00h30 chez elle, situé à quelques rues à peine de mon hostel, lorsque son after-work est terminé. L’heure approche, je me mets en route et continue à lui causer par message. “Je vais venir te chercher, mais fais comme si je ne te connaissais pas. Suis-moi de loin”, m’écrit-elle. “Et merde, encore une cinglée”, pensais-je avec appréhension alors que j’arrivais devant son bâtiment. La porte s’ouvre et une femme un peu menue et alcoolisé apparaît. Elle ne me dit même pas bonjour et continue sa route dans le hall d’entrée de son immeuble. Nous rentrons dans l’ascenseur en même temps qu’un autre couple, mais n’échangeons aucun mot. Décidément, cette rencontre est des plus étranges. Après être sorti de cette cage de silence, elle m’indique une porte sur le coin droit et me fait signe de l’ouvrir. J’y rentre et elle m’y rejoint quelques secondes après.

-On va aller dans ma chambre
-Okay, répondis-je timidement

Je m’installe sur son lit et lui lui balance en souriant : “Si tu as si honte que ça, j’aurais pu ne pas venir hein”.

-Non, non pas du tout, répond-elle en faisant de grands gestes avec ses bras, désolé, je ne voulais pas te donner cette impression. Je viens de finir mon after-work, mais j’ai pas mal de collègues qui vivent ici aussi. Et je n’ai pas envie qu’ils me voient en compagnie. Sinon les ragots au boulot, tu vois…
-Oui, oui, je comprends
-Passons aux choses sérieuses, me lance-t-elle en grimpant sur moi
-Je ne vois pas d’inconvénients, lui lançais-je en l’embrassant

Après notre partie de jambes en l’air, Mala me serre dans ses bras et me remercie pour avoir passé du temps en sa compagnie.

-Merci, j’avais besoin de me changer les idées, chuchote-t-elle en se blottissant contre moi
-Qu’est ce qu’il ne va pas ?
-Je me sens un peu perdue… Ma famille me met beaucoup de pression en ce moment et je suis sur le point de les décevoir énormément
-Qu’est ce que tu veux dire ?
-Je suis censée me marier dans quelques mois en Inde, mais je n’en ai vraiment pas envie
-Ha okay, rétorquais-je sans véritablement réaliser l’ampleur de la situation

Dans quoi me suis-encore fourré ?” pensais-je amèrement (dans un vagin, oui je sais que vous aviez envie de la faire cette blague de merde)

-Est-ce que tu le voulais ce mariage ? lui demandais-je

Mala fait une grimace et lève les yeux au ciel, presque par dépit, comme si elle se rendait compte que je connaissais la cause du problème. C’était si évident que j’avais bien entendu taper en pleine cible.

-C’est un mariage forcé ?
-Oui, mais je ne l’aime pas et je n’ai pas envie de me marier pour une question d’intérêts. Le mariage de nos deux familles serait bon pour le business, mais je m’en fiche.

Depuis son arrivée en Nouvelle-Zélande, Mala avait découvert autre chose. Fini cette vie stéréotypée qui la promettait à épouser un mari rapidement, lui donner des enfants et rester à la maison. Cette façon de faire, elle la rejetait du plus profond de son être. Depuis qu’elle était ici, elle avait terminé ses études et trouvé un bon job dans une boîte d’import/export. Elle était libre de faire ce qu’elle voulait, de voir qui elle voulait, sans devoir rendre de compte à personne et sans avoir peur de la réaction de sa famille. Notre rencontre n’était pas si fortuite que ça, Mala avait probablement l’envie de se marier, mais pas comme ça, pas dans ces conditions.

Après avoir conversé de longues heures, j’ai fini par quitter son appartement pour repartir dans mon hostel. Demain, place à la dernière étape, un petit road-trip avant de commencer les choses sérieuses.

Cascade à l’Hunua Ranges national park

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