Vietnam

Chapitre 4 : Espoir en eaux troubles

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Remis de ma dernière visite privée, je commence à douter de plus en plus du Vietnam. Déçu de mon guide et de l’ambiance d’Ho Chi Minh, je me réfugie vers le sud en quête d’expériences. Je croise des backpackers qui m’invitent à participer à un “tour sur le Mekong”. Encore payer pour une “excursion”, je ne suis pas très enclin à prendre de nouveau ce risque. Cependant, les quelques personnes que je rencontre me poussent à le faire et je finis, un peu par manque de plans, par accepter leur proposition. L’occasion pour moi de rencontrer également Bao. Un Vietnamien un peu plus jeune que moi, très souriant, et avec une fougue à faire pâlir d’envie les petits vieux. Il ne parle pas un anglais exceptionnel, voire pas du tout pour être franc. Cependant grâce à Google Traduction, nous parvenons tout de même à communiquer. Je décide d’en apprendre un peu plus sur lui. Il est en vacances en ce moment dans le sud, lui qui vient d’Hanoï. Passionné de cinéma, il est caméraman et bosse sur pas mal de tournages. Il me vante les qualités de “Mister Nobody” de Jaco Vandormael et connaît Bruxelles. “Très bel endroit pour tourner”, enchaîne-t-il en m’expliquant qu’un de ses amis à eu la chance d’y séjourner dans le cadre de ses études. Il m’avoue également que la situation n’est pas forcément toujours simple, mais qu’il arrive à trouver du travail au Vietnam. Parfois, on le réquisitionne sur des films importants, des documentaires et parfois même… des films de cul. Il me dit que je devrais me lancer dans cette industrie. Parce que je suis blanc et qu’il recherche “des gens avec des grosses bites, pas comme les Vietnamiens”. Je m’esclaffe face à sa proposition que je refuse évidemment. Bien que l’idée m’ait traversé l’esprit…

Un film qui s’annonce chaud

Un détail qui ne m’échappe pas, c’est à quel point cette excursion est touristique à crever. On vous vend des traversées idylliques et au final, on se retrouve dans un « embouteillage » marin. Des pirogues de tous les côtés, des coups de pagaie dans l’eau qui vous éclaboussent toute la gueule, des hurlements en vietnamien pour savoir qui va passer en premier. Je vois la tête de mes compagnons d’infortune qui sont « ravis », mais je ne peux m’empêcher de rire vu le ridicule de la situation. Je retiendrai également le repas dans une famille locale. Une table avenante dressée, mais personne pour nous accompagner. Les locaux agissent plus en serviteurs qu’autre chose et ne viennent pas partager un moment avec nous. Une déception, une fois de plus, qui me convainc totalement de ne plus jamais, au grand jamais, choisir d’excursions organisées et de voyager par moi-même. Cependant, tout n’était pas à jeter dans cette visite.

Une bien belle croisière

La traversée sur le Mekong, quant à elle, est opérée sur un bateau à moteur et est ponctuée de différents arrêts. Dégustation de fruits, visites de commerces locaux (noix de coco, fabrication de biscuits, miel, fermes de crocodiles,…). La visite devient plus intéressante au fur et à mesure. Seul hic, le Mekong en lui-même. Une couleur verdâtre à faire pâlir la Sambre. “Some 20 million people call the Mekong Delta home, and 60 million are dependent on the natural environment of river system for their livelihoods, says the Environment Administration.”, peut-on lire sur le site internet de Vietnam.net.

L’eau du Mekong est peu avenante, mais la population sen sert pour cuisiner, se laver et y jeter ses déchets

Pourtant, le réchauffement climatique et la pollution constituent un sérieux handicap dans la vie de ces 60 millions de personnes. En 2018, le taux de pollution dans l’air à Ho Chi Minh était évalué à 94,60, selon un sondage mêlant opinions et données scientifiques, soit la 6e ville la plus « irrespirable » au monde. La gestion des déchets y est catastrophique, notamment dans la fameuse baie d’Halong (située au nord du Vietnam) qui voit passer en moyenne six millions de touristes par an. Selon un article du journal Le Soir, datant d’avril 2016, une entreprise belge aurait été appelée à la rescousse pour nettoyer cette dernière. 

Les autorités vietnamiennes ont lancé un ambitieux plan afin de mieux gérer la collecte et le traitement des déchets. Cependant, il faudra compter au moins une dizaine d’années pour la mise en place effective d’un tel projet. Et, si la baie d’Halong est visée par ce type d’initiatives, elles sont malheureusement trop rares dans le reste du pays. Ici, on ne trie pas vraiment ses déchets. On empile tout dans un sac en plastique sans aucune distinction. Il n’est pas rare de croiser des tas de déchets sur le sol. Il existe également des « dong nat » ou « ve chai » qui sont des vendeurs de rue. Concrètement, ils essayent de faire du profit en revendant des pièces ou parties réutilisables provenant de certains déchets.

Couplé à cela, l’agriculture intensive (le Vietnam est le 5e pays exportateur mondial de riz) implique un usage important de pesticides afin de concurrencer les autres pays. Je ne dispose pas de connaissances poussées dans ce domaine, mais j’ai tout de même remarqué que les Vietnamiens ne sont pas sensibilisés à la problématique environnementale pour plusieurs raisons. Elle ne leur apparaît pas comme primordiale. Ils se concentrent d’abord sur ce qui leur semble essentiel, se développer, avoir plus de confort, trouver l’abondance, comme c’était le cas auparavant en Europe. Maintenant, nous sommes plus soucieux de l’environnement et nos modes de vies ont été sérieusement remis en question. Nous sommes donc plus sensibilisés à la pollution, au tri des déchets et aux conséquences de la surconsommation.

Alors que j’étais plongé dans mes pensées écologistes, un mail changea le cours de mon voyage.

Alors que je pensais mon passeport invalide dû à mon passeport temporaire, une seconde bonne nouvelle me percuta de plein fouet.

Toujours valide, à récupérer à Hanoï, ma destination finale avant de reprendre l’avion vers de nouvelles aventures. Un timing parfait couplé à une chance de cocu, il était enfin temps que la roue tourne pour moi au Vietnam. Et c’est à partir de ce moment, que le pays et ses habitants se sont enfin révélés à moi.

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