Vanuatu

Chapitre 1 : A l’abri de la vie

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Juste avant de quitter la Nouvelle-Zélande pour un dernier voyage exotique, je retrouve dans mes affaires un bon de réduction pour un hôtel qui est en passe d’expirer. Je décide de l’utiliser pour mon séjour au Vanuatu en comptant sur le fait que ce dernier puisse me payer toute ma semaine à l’hostel. Et là, surprise ! Le bon ne peut être utilisé qu’avec les hôtels partenaires de l’offre. Des hôtels qui sont, pour la plupart, des établissements de luxe. Le chèque-cadeau n’est pas remboursable, je dois donc trouver une chambre à hauteur de 150 euros. Au diable les vacances de rêve, le prix des chambres est tellement élevé que je me retrouve à passer ma première nuit dans un bungalow à 148 euros! Tandis que le reste de mon séjour sera dans un dortoir de 10. C’est ce qu’on appelle le jour et la nuit. Mon avion a beaucoup du retard, j’arrive donc vers 22h à Port-Vila, la capitale du Vanuatu. Je n’aurais que quelques heures pour profiter de mon luxueux bungalow et de ma piscine privée avec vue sur le lagon. Je me sens  troublé, comme une « instagrammeuse » en perte de followers. Dès le lendemain, j’entame mon trajet à pied pour rejoindre mon hostel situé dans le centre-ville. 

Mon bungalow privé dont je n’aurais profité que quelques heures

Effectivement, c’est un autre univers. L’hostel est très peu chaleureux, plutôt sale, sans véritable salle commune et le dortoir où je me trouve sert également de placards de rangement pour les employées. Leurs allers-venues fréquentes dès 7 heures du matin sont insupportables et les éclats de rires qui s’ensuivent sont aussi pénibles. L’hostel subit également de nombreuses coupures de courant. Je m’étais résolu à acheter quelques commissions et j’ai vite fait d’abandonner les produits frais pour me ruer sur les nouilles de nouveau. 

Le marché local est un bonheur pour les amateurs de fruits et légumes

Naïvement, on pourrait croire que le Vanuatu c’est coquillages et crustacés, mais cela dépend sur quelle île on se trouve. Port-Vila est beaucoup plus industriel que je me l’imaginais. Très peu de plages accessibles dans le centre, les hôtels, restaurants et autres commerces se les sont appropriées. Les endroits où l’on peut nager sont quasiment tous payants et beaucoup sont détenus par des Australiens. La relation qui existe entre les deux pays est très forte. Il faut dire que beaucoup d’investissements ont été réalisés par ces derniers dans divers domaines tels que construction, tourisme ou encore agriculture. Les Ni-Vanuatus, les habitants issus des 83 îles d’origine volcaniques que forment le Vanuatu, sont souvent envoyés en Australie pour travailler dans les champs. Mais leur relation ne s’arrête pas là puisque l’Australie est leur principal pourvoyeur de touristes. Les prix y sont très attractifs, tout comme depuis la Nouvelle-Zélande. 250 euros aller-retour en moyenne depuis Auckland ! En 2019, le premier ministre australien s’est rendu au Vanuatu pour réaffirmer les bonnes relations et l’influence qu’il possède sur le Vanuatu. La crainte d’une influence chinoise trop prononcée inquiète les Australiens. 

Le centre de Port-Vila est animé : les voitures y passent constamment

Les écoles publiques ne sont pas obligatoires et en plus elles sont très coûteuses. La Nouvelle-Zélande et l’Australie nous aident en donnant de l’argent, mais tous les enfants ne sont pas scolarisés bien évidemment

Ce qui est surprenant au Vanuatu, particulièrement à Port-Vila, c’est que le sourire est peu présent sur les visages. J’entends plus le bruit des voitures et des klaxons que le bruit des vagues. Malheureusement, mon ressenti est tout autre que celui sur Cook Island,  dont l’île principale est beaucoup plus petite, il faut bien l’avouer. Il m’est donc moins aisé de me déplacer aussi facilement. Les bus n’existent pas véritablement. Il faut faire du stop et monter à bord de grandes voitures, des sortes de taxis-vans, dans lesquelles on indique sa destination. Cependant, il est très compliqué de savoir quand on retrouvera une voiture au retour, en particulier si l’on se rend dans des coins isolés. Le peu de temps dont je dispose, à peine cinq jours et demi, me pousse à ne pas m’éloigner trop du centre. La fatigue s’accumule après plus de 15 mois à voyager en van, j’ai envie de quelque chose de plus calme et posé.

Alors que je me l’étais refusé depuis le Vietnam, je décide de prendre une excursion organisée afin d’en voir le plus possible en faisant le moins d’efforts. Grossière erreur de nouveau car tout me semblera rushé de bout en bout avec peu de moyens pour en profiter véritablement. Les points d’intérêts sont assez éloignés les uns des autres, louer une voiture aurait été, au final, beaucoup plus intéressant.

Le Blue Lagoon de Port Vila est superbe, mais comme beaucoup d’autres points d’intérêts, il est payant

Néanmoins, des petites anecdotes lors de mon voyage ont retenu mon attention. “Les écoles publiques ne sont pas obligatoires et en plus elles sont très coûteuses”, m’explique une guide. “La Nouvelle-Zélande et l’Australie nous aident en donnant de l’argent, mais tous les enfants ne sont pas scolarisés bien évidemment.” L’occasion rêvée pour faire visiter aux touristes présents avec moi une école où les enfants avaient préparé une petite danse pour nous accueillir. Mon sang ne fait qu’un tour. L’excursion était censée se concentrer sur des paysages, sources ainsi que sur la faune. Pourtant, nous étions bel et bien en route vers une école. Ce type de tourisme, appelé de misère, consiste à faire visiter des endroits atypiques, en dehors des sentiers battus, pour prétendument voir le “vrai” côté d’un pays. Malheureusement, il ne fait que permettre aux touristes de prendre d’autres photos, de donner quelques pièces et d’avoir le sentiment d’avoir contribué à changer les choses, sauf qu’en réalité, lorsque le touriste s’en va, la pauvreté, elle, reste. Ce type de tourisme, qui devient de plus en plus répandu, n’est pas du tout celui que j’affectionne. Qu’est ce qui nous attendait sur place ? Des enfants d’à peine 4-5 ans qui dansaient sur des musiques connues de tous: « I like to move it » ou encore « Chihuahua« . L’occasion rêvée pour les autres touristes de prendre des photos et de s’esclaffer: « Ho c’est rigolo comme ils dansent« . Ce ne sont pas des animaux Brigitte, range ton téléphone s’il te plait.

La visite d’école et les danses des enfants sur « I like to move it », c’était vraiment très gênant

De par sa situation, le Vanuatu est considéré comme l’un des pays les plus « dangereux » du monde. En effet, c’est l’un des pays les plus exposés au risque, comme le souligne une étude datant de 2016. Celle-ci « tient compte des facteurs sociaux, politiques, économiques et environnementaux. » L’archipel est aussi très vulnérable face aux catastrophes naturelles telles que cyclone et séismes. Le Cyclone Pam a fait d’énormes dégâts au Vanuatu et reste encore dans tous les esprits.

Le cyclone Pam a ravagé le Vanuatu en 2015. Certains endroits ont conservé les restes de la catastrophe

L’excursion continue, l’occasion d’effleurer un problème plus important : la consommation de marijuana au Vanuatu. “Un fléau de plus en plus important”, nous informe la guide. “Seul le cannabis médicinal est autorisé. L’usage récréatif est prohibé et peut conduire à la prison. Il en existe uniquement trois dédiées aux femmes. On dit toujours à une femme que si elle veut passer un peu de temps tranquille sans son mari et sans devoir faire le ménage, elle n’a qu’à fumer de la marijuana.” 

Après cette excursion, je n’aurai plus que quelques heures à patienter avant de mettre un terme à ce nouveau chapitre de mon voyage. Il est temps pour moi de rentrer en Nouvelle-Zélande, pour une journée avant de prendre un avion de retour direction la Belgique. J’avais promis à mes proches de fêter Noël et le nouvel an avec eux. Une première depuis deux ans ! Ensuite, direction début janvier 2020 pour l’Egypte. Une nouvelle année qui s’est révélée catastrophique pour la suite de mes voyages…

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